La mise en scène du texte réaménagé déroule l’histoire autour de l’acte du procès d’Horace auquel tous les événement du passé se rapportent. L’enjeu politique interroge la condamnation d’un héros de guerre, Horace, auteur d’un fratricide.
S’ajoute une mise en abyme avec la création du temps de Sabine qui découvre sa ville ravagée par son époux. A travers un second espace temporel elle fait le procès du roi Tulle et reproche la légitimité du secret d’Etat.
De pareils serviteurs sont les forces des rois
Et de pareils aussi sont au-dessus des lois.
Qu’elles se taisent donc que Rome dissimule
Ce que dès sa naissance elle vit en Romule
Elle peut bien souffrir en son libérateur
Ce qu'elle a bien souffert en son premier auteur.
L’esthétique met en avant le temps révolu de Tite Live. Cette ancienne démocratie représentée par les ruines s’oppose au régime absolu de l’époque de Corneille à travers des éléments d’interaction.
La scénographie superpose l’espace temporel en triptyque. Les projections de ruines inspirées des tableaux de Monsu Desiderio envahissent le plateau et reflètent le maestria de l’œuvre cornélienne. La grandeur des images s’allient aux costumes volontairement usés pour rappeler l’époque perdue et rester dans le corps de la dramaturgie.
Les événements principaux comme le combat, le fratricide joué à trois reprises et le procès sont accompagnés par les thèmes de la composition musicale originale. Violoncelle, chant, timbales et percutions rythment l’alternance ternaire de la mise en scène haletante.
Manon Montel & Thomas Willaime
Sabine - Horace
Miléna Sansonetti & Léo Paget
Camille - Curiace
Jean-Baptiste des Boscs & Grégoire Bourbier
Valère - Roi Tulle
Claire Faurot & Xavier Berlioz
Julie - Vieil Horace
Adaptation et mise en scène Manon Montel
Musiques originales Jean-Baptiste des Boscs
Combat Léo Paget
Costumes Patricia de Fenoyl et Véronique Grand
Lumière et scénographie Philippe Demain
Photos Philippe Hanula et Léo Paget
Il n'était pas question d'installer au plateau un décor historique, ni d'ailleurs un décor réaliste, pour enchâsser une mise en scène travaillant la mémoire et la ruine, soucieuse de montrer comment, à partir des récits contradictoires tenus par les différents personnages, un seul émergeait finalement pour gouverner tous les autres, et s'arrogeait le titre de justice sans pour autant être juste, c'est-à-dire se révélant moins équitable que stratégique, tout en instituant la disparition d'Albe au seul profit de Rome, bien au-delà de la victoire d'Horace.
L'espace est donc plutôt celui d'une carte des forces en tension, comme autant de déchirures ou de cendres, brouillant les temps, ramenant sans fin vers son centre de résolution. Le jeu des directions de lumières accentue les antagonismes, récrit en permanence ce lieu unique.
Les projections de Désidério complètent le langage scénographique, non pour situer des paysages ou des architectures mais pour prolonger et systématiser le labyrinthe des violences, troubler la stabilité apparente des scènes, enfin souligner les séquences relevant de l'incessante reconstitution du crime et de son jugement, en opposition aux séquences d'action et de passions.
Philippe Demain
Chaque instrument a une valeur dramaturgique. Le violoncelle joué par Valère représente la justice. Les timbales rythment l’action. Le chant nous fait entendre les plaintes de Sabine et Camille, l’orchestre donne de l’ampleur au combat, et la guitare comme la harpe font référence à la lyre des aèdes, instrument antique accompagnant le récit des mythes
Dans Horace, la tragédie tourne autour des morts de Curiace et de Camille. La musique doit concourir à la tragédie. Pour ce faire, j'ai composé une idée musicale pouvant se décliner aux différents moments clefs de la pièce.
Notons, que chaque moment clef exprime l'idée de mort dans un registre différent. Le crime répété d’Horace envers sa sœur est développé tantôt dans le registre de l’épouvante, tantôt dans celui du pathétique ; l’incitation au meurtre de Camille envers son frère s’expose dans le registre de la colère, et enfin la mort de Curiace s’accompagne d’une musique aux accents aussi bien pathétiques qu'héroïques.
Il m’a fallu, en quelque sorte, composer une petite messe des morts, pour que le personnage de Sabine puisse nous convoquer à ce requiem cornélien.
Jean-Baptiste des Boscs
Grand Théâtre de Calais
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Durée du spectacle : 1h45